Encore les caricatures
André Glucksmann, dans Le Monde:
"(...) Une pensée totalitaire ne supporte pas d'être contestée. Dogmatique, elle affirme en brandissant le petit livre rouge, noir ou vert. Obscurantiste, elle fusionne politique et religion. Au contraire, les pensées antitotalitaires tiennent les faits pour des faits et reconnaissent même les plus hideux, ceux-là mêmes que par angoisse ou commodité on préférerait occulter. La mise en lumière du goulag a permis la critique et le rejet du "socialisme réel". La considération des abominations nazies et l'ouverture très réelle des camps d'extermination ont converti l'Européen à la démocratie après 1945. En revanche, le refus de l'histoire dans ses vérités les plus cruelles annonce le retour des cruautés. N'en déplaise aux islamistes - qui sont loin de représenter les musulmans -, il n'y a pas de commune mesure entre la négation de faits avérés comme tels et la critique verbale ou dessinée des multiples croyances que chaque Européen a le droit de cultiver ou de moquer.
Depuis des siècles, Jupiter ou le Christ, Jehovah et Allah ont essuyé force plaisanteries et marques d'irrespect. A ce jeu, du reste, les juifs sont les meilleurs critiques de Yaveh - ils en ont même fait une spécialité. Cela n'empêche pas le vrai croyant de toute confession de croire et de consentir à laisser vivre ceux qui ne croient pas comme lui. La paix religieuse s'instaure à ce prix. Par contre, plaisanter des chambres à gaz, s'amuser des femmes violées et des bébés éventrés, sanctifier les décollations télévisées et les bombes humaines annonce un avenir insupportable.
Il est grand temps que les démocrates retrouvent leur esprit et les Etats de droit leurs principes ; il faut qu'ils rappellent solennellement et solidairement qu'il n'est pas question qu'une, deux, trois religions, quatre ou cinq idéologies décident ce que le citoyen est en droit de dire ou de penser. Il n'en va pas seulement de la liberté de la presse, mais de la permission de nommer un chat un chat et une chambre à gaz un fait abominable, abominable quelles que soient nos croyances et nos fois. Il en va du principe de toute morale : sur cette Terre, le respect dû à chaque individu commence par la mise en évidence universelle et le rejet commun des plus flagrants exemples d'inhumanité."
"(...) Une pensée totalitaire ne supporte pas d'être contestée. Dogmatique, elle affirme en brandissant le petit livre rouge, noir ou vert. Obscurantiste, elle fusionne politique et religion. Au contraire, les pensées antitotalitaires tiennent les faits pour des faits et reconnaissent même les plus hideux, ceux-là mêmes que par angoisse ou commodité on préférerait occulter. La mise en lumière du goulag a permis la critique et le rejet du "socialisme réel". La considération des abominations nazies et l'ouverture très réelle des camps d'extermination ont converti l'Européen à la démocratie après 1945. En revanche, le refus de l'histoire dans ses vérités les plus cruelles annonce le retour des cruautés. N'en déplaise aux islamistes - qui sont loin de représenter les musulmans -, il n'y a pas de commune mesure entre la négation de faits avérés comme tels et la critique verbale ou dessinée des multiples croyances que chaque Européen a le droit de cultiver ou de moquer.
Depuis des siècles, Jupiter ou le Christ, Jehovah et Allah ont essuyé force plaisanteries et marques d'irrespect. A ce jeu, du reste, les juifs sont les meilleurs critiques de Yaveh - ils en ont même fait une spécialité. Cela n'empêche pas le vrai croyant de toute confession de croire et de consentir à laisser vivre ceux qui ne croient pas comme lui. La paix religieuse s'instaure à ce prix. Par contre, plaisanter des chambres à gaz, s'amuser des femmes violées et des bébés éventrés, sanctifier les décollations télévisées et les bombes humaines annonce un avenir insupportable.
Il est grand temps que les démocrates retrouvent leur esprit et les Etats de droit leurs principes ; il faut qu'ils rappellent solennellement et solidairement qu'il n'est pas question qu'une, deux, trois religions, quatre ou cinq idéologies décident ce que le citoyen est en droit de dire ou de penser. Il n'en va pas seulement de la liberté de la presse, mais de la permission de nommer un chat un chat et une chambre à gaz un fait abominable, abominable quelles que soient nos croyances et nos fois. Il en va du principe de toute morale : sur cette Terre, le respect dû à chaque individu commence par la mise en évidence universelle et le rejet commun des plus flagrants exemples d'inhumanité."
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